mardi 24 juin 2008

Go Go Tales!

« J’hésite, regarde au travers de la fenêtre et ne vois plus d’oiseaux dans le ciel. Juste des nuages semblant migrer vers d’autres cieux, assumant ainsi un rôle qui n’est pas le leur. Peut être que nous aussi c’est ce que l’on fait. Les voitures le long de l’autoroute filent dans les deux sens, elles se croisent un instant pour surement ne plus jamais se revoir. Et en marchant, à chaque fois que je dépasse un autre être humain, je me demande s’il existe des gens avec lesquels je pourrais me sentir bien, parler de choses et d’autres qui nourriraient mon esprit. Il est plus facile de s’occuper de l’autre, ce corps mortel capable d’ardentes étreintes, tandis que l’invisible n’est qu’inconnues. »

Des images de Go Go Tales me viennent en tête tandis que je savoure mes dernières heures en France. Film ô combien sublime qui représente la quintessence du cinéma de Ferrara. Je conçois l’art comme une perpétuelle évolution n’ayant pour but que de réaliser une œuvre aussi belle, aussi gentille, aussi vraie que Go Go Tales ! Ferrara c’est un peu Dostoievski qui aurait réussi à devenir un grand artiste. Suivait au film un débat avec une femme (Nicole Benez i think) parlant de Ferrara (une simple femme, qui plus est en tailleur n’est pas a même de parler de Ferrara c’est évident) qui ose dire qu’il ne se passe rien du tout dans ce film et que la majorité du temps est vouée a une critique sur des putes dansant dans un night-club et qu’en plus l’argent est omniprésent et domine tout le film tandis que Willem Dafoe dit à voix haute « Je m’en bas les couilles du fric je veux juste que tout continue ! ». Effarant. Grand film sur la souffrance d’exister, sur la vie comme non-évènement, car dans un monde ou tout est un perpétuel recommencement comment milles bonheurs pourraient être supérieurs à une souffrance. L’erreur serait de croire que Ferrara est un pessimiste. C’est un Schopenheurien, il aime l’humanité plus que tout et son cinéma n’a qu’un seul but : nous aider à survivre, à surmonter l’omniprésence de la souffrance et de l’ennui tout au long de notre existence. Et je repense à Willem Dafoe, impérial, allongé tel César, sa chemise italienne supra cool (je veux la même) ornée de boutons rouges et ce visage sculpté au burin comme si dieu avait immortalisé là l’acteur dans son meilleur rôle, un rôle de gentil. Aristote disait que durant la vie l’on apprend à devenir heureux, Schopenhauer que l’art est le seul baume aux maux de notre existence sans but. Chez Ferrara il y a un peu des deux. Je pars bientôt, là-bas, à plus de 16000 km de Paris. L’Australie m’apparait comme une dernière tentative vaine de croire en l’homme, de croire que Schopenhauer a tord ou du moins pas tout a fait raison. Je ne vais rien chercher là-bas, je m’enfuis c’est tout et je m’aperçois que je commets peut-être la plus grande erreur de ma vie. J’ai envie de parti de me faire oublier de devenir ce que j’ai toujours voulu devenir. De me démarquer. On a tous envie de se démarquer seulement, l’on ne s’en croit pas capable. Human Nature Sux.

2 commentaires:

pikz a dit…

J'ai kiffé ce que t'as écrit en italique!
T'as des bonnes influences littéraires petit payday.

Pour ta crainte de faire la plus grosse erreur de ta vie, c'est souvent grâce à la souffrance qu'on devient plus fort. Si ça te fait chier c'est que c'est bien parti, je te connais t'es pas du genre à tomber dans des vices et il est je pense nécessaire à chacun de fuir ses repères un temps histoire d'évoluer et de prendre la vie à bras-le-corps. Ta plus grande erreur aurait été de rester toute ta vie à Paris.

'33 a dit…

ça commença sous de beaux auspices ce blog.
les chinois, prend les comme un chemin de croix qui te mènera à la sagesse et à la tolérance.